Des pros racontent leur quotidien

Publication : 27 juillet 2021

Quand ils parlent de leur métier, il est souvent question de passion ! Rencontre avec six professionnels qui ont choisi de mettre le sport au cœur de leur activité, que ce soit pour enseigner une discipline, pour soigner des pratiquants ou pour organiser des événements. Leur parcours, leur quotidien et leur conseil.

 

Stella Mori

Maître-nageuse sauveteuse

Pourquoi maître-nageuse sauveteuse ?

Stella a commencé par obtenir un master en commerce pour travailler dans la mode, son rêve. "Mais je ne me suis vite rendu compte que je ne partageais pas les valeurs et les pratiques du secteur." Celle qui a fait de la natation synchronisée à un niveau national de 9 ans à 21 ans décide alors de revenir à ses premières amours : "J’ai eu envie de transmettre ma passion pour la natation !" 

Mon parcours pour y arriver ?

Pour sa reconversion, Stella mise sur le BPJEPS activités aquatiques et de la natation. Après 1 an de formation, le diplôme lui donne le titre de maître-nageuse sauveteuse. Elle décide alors de faire des remplacements, dans des piscines publiques et privées, des bases de loisirs, des clubs de sport, pour acquérir de l’expérience : "J’ai appris à m’adapter à tous les publics et à différentes équipes." En parallèle, Stella passe des certifications pour enseigner l’aquafitness.

« Le métier est plus varié et humain qu'on ne le croit ! »

Une journée type ?

Matin et après-midi, Stella apprend à nager aux élèves des écoles alentours, des groupes de 15 à 20 enfants : "Certains viennent à la piscine pour la première fois, avec la peur de l’eau, et au bout de quelques semaines, font des longueurs avec le sourire. C’est très gratifiant !" Quand la piscine est ouverte au grand public, la maître-nageuse est de surveillance pour assurer la sécurité dans les bassins : "Je ne dois pas relâcher mon attention une seconde." En cas de chute ou de malaise, elle apporte les premiers secours et appelle les pompiers si besoin. Selon les jours, elle anime des séances de bébés nageurs, des cours d’aquafitness et des cours pour l’école de natation, où elle aide des groupes à perfectionner leurs techniques de nage.

Ce que je préfère ?

"J’aime tout dans mon métier, mais ma grande passion, c’est l’aquafitness ! À la fois pour l’ambiance et pour le côté très sportif", pétille Stella, certifiée notamment en aquabiking, aquaboxing, aquajump et aquastep. Elle prépare ses chorégraphies en amont, puis le jour J, depuis le bord du bassin, elle montre les postures et motive le groupe en musique : "Je suis à fond, j’encourage, j’applaudis !" Elle partage même des vidéos de ses séances sur Instagram et YouTube.

Ce qui m'a surprise ?

"C’est la dimension humaine du métier." Enfants, adolescents, adultes, seniors et personnes en situation de handicap, le public avec lequel travaille Stella est très varié. "On fait du bien aux gens au niveau physique et moral, et ils en sont très reconnaissants !"

Un conseil ?

"Il faut sortir de l’idée qu’être maître-nageur, c’est surveiller le bassin toute la journée, en tongs. Ce n’est qu’une petite partie du métier, on peut faire des choses tellement variées !"

Johan Del Rey

Masseur-kinésithérapeute du sport

Pourquoi kiné du sport et comment ?

"Cela me permet de concilier deux domaines que j'aime : la santé et le sport", explique Johan. Ancien sportif de haut niveau en rugby, il suit une licence STAPS puis un master en kinésithérapie en Belgique. Il enchaîne avec quelques stages dans le milieu sportif, dont l'AS Monaco et le Stade niçois Rugby. Depuis, il ne cesse de se former à la santé et au bien-être : massages, diététique, réathlétisation, remise en forme, etc.

Une semaine type ?

Pour pouvoir vivre de son métier et varier l’activité, Johan travaille sur plusieurs fronts. "En free-lance, j’accompagne des athlètes individuellement. En libéral dans mon cabinet, j’accueille des sportifs amateurs et professionnels. Enfin, je suis affilié à un club de basket, de rugby et de football pour suivre leurs joueurs." À chaque fois, il s’agit de préparer les corps, prévenir et guérir les blessures. "Il m'arrive aussi de faire de la prévention autour de la nutrition, du dopage ou des gestes techniques." Résultat, une semaine type pour Johan, c'est jusqu'à 60 heures de rendez-vous en cabinet, les clubs l'après-midi et le soir et les matchs le week-end !

Une idée reçue ?

"On ne reste pas au bord du terrain à regarder les sportifs jouer !", prévient Johan. Il y a par exemple tout le travail de préparation lors du programme d’entraînement avec le coach. Pendant le match, le kiné est toujours prêt à aller sur le terrain, pharmacie à la main. "Au rugby, je ne suis pas la balle, mais les joueurs au sol. J’interviens sur un saignement, une entorse, une luxation. À la mi-temps, c’est plutôt ‘bobologie’ et après le match, les soins de récupération musculaire."

« Dans le domaine du sport, on travaille en équipe. »

Seul ou en équipe ?

"En équipe, même si je suis seul en cabinet", répond Johan, qui échange en permanence avec des médecins, des chirurgiens du sport, des échographistes, des podologues ou des préparateurs physiques. "Dans le monde du sport, on ne peut pas être isolé. On forme une équipe pluridisciplinaire et complémentaire", insiste-t-il.

Ce qui m'a surpris ?

L’adrénaline. "Quand on travaille pour le sport performance, on se met beaucoup de pression, car on se rend compte que notre travail a une influence directe sur les résultats du sportif. On travaille au plus proche du joueur, on est son confident. Notre avis compte, tant d'un point de vue santé que psychologique."

Ce que je préfère ?

Peut-être parce que cela lui rappelle son activité de sportif, Johan aime intervenir en plein match. "Ce qui me fait plaisir, c’est le résultat. On fait corps avec le sportif, c’est une belle récompense", explique-t-il.

Un conseil ?

Comme souvent dans le sport, Johan pense qu’il faut être passionné, sinon rien. Avoir envie de s’investir dans ses études puis, une fois professionnel, ne pas compter ses heures. "Si on est sportif, ça aide, mais ce n’est pas une obligation", témoigne-t-il.

Sarah Nasri

Vendeuse d’articles de sport

Pourquoi vendeuse d’articles de sport ?

Adolescente, Sarah, qui a toujours aimé le contact client et le commerce, souhaitait travailler dans la vente. "Comme je pratiquais le handball, la boxe et le football, je faisais régulièrement mes courses dans des enseignes de sport." Petit à petit, l'idée d'exercer dans le domaine du sport s'impose.

Mon parcours pour y arriver ?

Après son bac, Sarah opte pour un BTS en commerce, aujourd'hui appelé BTS management commercial opérationnel. De quoi faire de la vente et un peu plus, par exemple gérer une équipe ou faire évoluer l’offre. "Pendant mon BTS, j’ai réalisé un premier stage chez Foot Locker, une marque que j’aimais bien. Puis j’ai décroché un job d’été dans la foulée." Aujourd’hui en CDI, la jeune femme se forme dans le cadre d’un cursus en alternance, pour pouvoir évoluer comme responsable.

Une journée type ?

Le magasin est encore fermé quand Sarah prend son poste à 9 h 30. "J’ouvre la caisse, je me mets en tenue, je choisis une playlist qui ‘ambiance’ et je prépare les e-commandes. À l'ouverture des portes, je ‘passe en surface’. Tout en accueillant et en conseillant les clients, je vérifie que les produits sont bien disposés et étiquetés." Puis il y a tout le reste, comme de proposer la carte de fidélité et une enquête de satisfaction aux clients en caisse. Enfin, la jeune femme réunit ponctuellement l’équipe pour booster les ventes, si besoin.

Ce que je préfère ?

Aucun doute pour Sarah : "C’est créer un lien de confiance entre le client et moi. On doit avoir une approche personnalisée pour chacun d’entre eux." Un exemple ? À un client qui cherche des baskets tendance sans trop s’y connaître, la vendeuse va proposer une chaussure classique, une valeur sûre qui s'accorde avec tout. "C’est plaisant de les voir repartir avec le sourire, satisfaits de leur achat."

« J'ai une approche personnalisée pour chaque client. »

Ce qui m'a surprise ?

La jeune vendeuse ne pensait pas que le métier serait aussi physique : "Rester debout toute la journée et gérer trois clients en même temps, en accordant la même disponibilité à chacun, ce n’est pas toujours facile."

Seule ou en équipe ?

En équipe pour Sarah, qui travaille avec 12 personnes dans un centre commercial à ciel ouvert. "Il y a des vendeurs, des caissiers, un responsable, un assistant de direction et un directeur." La gestion d’équipe sera d’ailleurs au cœur de l'activité de la jeune femme lorsqu’elle sera responsable de magasin. Une dimension à laquelle elle se prépare dans le cadre de sa licence management et marketing.

Un conseil ?

"Rester souriant, aimer un minimum le sport, le contact et afficher un bon état d'esprit" : tels sont les ingrédients d’un bon vendeur.

Sébastien Lefranc

Enseignant en activité physique adaptée
« Redonner le goût de l'activité physique à mes patients. »

Pourquoi enseignant en activité physique adaptée ?

Sébastien entre en licence STAPS avec le projet de devenir professeur d’EPS. Mais ses stages en établissements scolaires lui font réaliser que cela ne lui convient pas. Au cours d’un stage en institut médico-éducatif auprès d’un public en situation de handicap, il découvre l’APA (activité physique adaptée) : "Rendre l’activité physique accessible à chacun en l’adaptant à son niveau et à ses capacités m’a semblé très motivant."

Mon parcours pour y arriver ?

Sébastien obtient une licence STAPS APAS (activité physique adaptée et santé), puis décide de poursuivre en master APAS orienté sur la prise en charge dans le milieu de la santé. Après un stage de M1 en centre de rééducation, il réalise ses stages de M2 dans trois structures liées à la nutrition. Son diplôme en poche, Sébastien travaille pendant 1 an en libéral avant de rejoindre le service nutrition de la clinique où il exerce désormais.

Une journée type ?

Elle commence par une séance de marche nordique en extérieur avec des patients en situation d’obésité. Échauffement, techniques de marche, étirements : l’enseignant manie la bonne humeur "pour que les patients associent pratique physique et plaisir et qu'ils aient envie de continuer seuls". Place ensuite à des prises en charge individuelles. Sébastien accompagne par exemple des patients dénutris dans leur renforcement musculaire en utilisant toutes sortes de pratique : appareils de musculation, tir à l’arc, danse, etc. Sa journée se poursuit avec une séance d’éducation thérapeutique, où il discute avec ses patients de leurs freins à la pratique et des moyens de les lever. "Selon les jours, je fais aussi passer des tests physiques aux nouveaux patients arrivant à la clinique et définis avec eux leur projet de soin."

Seul ou en équipe ?

En équipe : c’est à la demande d’un médecin que l’enseignant APA intervient, et son activité s’inscrit dans une prise en charge pluridisciplinaire. Tous les mardis, l’équipe de diététiciens, psychologues, infirmiers et kinésithérapeutes se réunit pour discuter des patients, du projet de soin, des objectifs : "C’est un travail de concertation, car nos prises en charge sont complémentaires."

Ce que je préfère ?

"La relation avec les patients. Dans mon intervention, je prends en compte la personne dans sa globalité : sa santé, certes, mais aussi ses habitudes de vie, son environnement, ses goûts, pour trouver une activité qui lui permette de se mettre en mouvement au quotidien." Une relation sur la durée, puisque Sébastien suit pendant 1 an ses patients sortis de clinique.

Ce qui m’a surpris ?

"La méconnaissance de l'activité physique adaptée dans le milieu de la santé", se souvient Sébastien, qui a dû expliquer son métier et persuader des professionnels du soin du bien-fondé de son intervention quand il a été recruté par la clinique pour y créer l'activité. C’est d’ailleurs pour faire connaître son métier qu’il a rejoint la Société française des professionnels en APA.

Un conseil ?

"Rencontrer des enseignants APA, multiplier les stages, y compris pendant les vacances : ça permet de découvrir différents lieux d’exercice, différentes pathologies et de choisir ainsi les options pertinentes dans sa formation. Et une fois diplômé, on a acquis davantage d’expérience, on est donc mieux préparé à accompagner les patients !"

Hadi Diallo

Monitrice de judo

Pourquoi monitrice de judo ?

"C’est comme si j’avais une dette envers le judo, une activité qui m’a beaucoup apporté." C’est ainsi qu’Hadi donne du sens à sa reconversion. Après 8 ans de carrière de judoka, elle a conjugué ses deux passions : enseigner le sport et travailler dans l’animation auprès des enfants.

« Au judo, il y a les techniques mais aussi des valeurs. »

Mon parcours pour y arriver ?

Pour évoluer vers l'enseignement, Hadi, qui avait préparé un BTS en gestion parallèlement à ses entraînements de judo, passe un CQP (certificat de qualification professionnelle) et un BAFA pour rejoindre l’animation périscolaire. Elle décroche aussi sa ceinture noire 2e dan au judo pour développer sa technique. Cap ensuite sur le BPJEPS éducateur sportif mention judo-jujitsu. "Une fois diplômée, j’ai commencé par effectuer un remplacement avant d’être recrutée dans un club."

Une semaine type ?

Hadi travaille à mi-temps à la direction d’un centre périscolaire et comme monitrice de judo. Elle enseigne à une soixantaine d’enfants dans deux structures, une association multisport et un club de judo. Ses cours ont lieu le soir après l’école, les mercredis et les week-ends pour les compétitions amicales. Chaque séance regroupe une dizaine d'enfants par tranche d'âge, pendant 1 heure. Au programme : échauffement, techniques de judo, entraînement au combat et jeux. "Je propose en plus des stages pendant les vacances scolaires."

Ce que je préfère ?

"J’aime transmettre des valeurs à travers ce sport : le courage et la modestie dans le combat, ainsi que l’entraide et l’esprit d’équipe", explique la monitrice, qui tisse des liens avec ses élèves au fil des années. Le contact avec les parents compte aussi pour Hadi. Elle partage avec eux les progrès des enfants et les fait participer lors des cours d’éveil pour petits.

Seule ou en équipe ?

Hadi travaille de façon autonome, mais toujours en équipe. Car si la monitrice est seule responsable de son groupe en cours, elle est entourée de ses collègues le reste du temps. "C'est ce qui permet d'assurer la vie associative, bien plus animée que le travail de bureau !"

Un conseil ?

"Il faut être pédagogue et rester patient, en se mettant au niveau des enfants. Les efforts qu’ils fournissent comptent plus que les résultats d’un combat", conclut la monitrice, qui laisse toujours de la place aux jeux à la fin des cours.

Alexis Vernerey

Chef de projet événementiel sportif

Pourquoi chef de projet événementiel dans le sport ?

Travailler dans l'événementiel, travailler dans le sport, travailler dans ce qui le passionne : telles sont les motivations qui ont amené Alexis à vouloir organiser des manifestations sportives. "J'aime notamment les événements où le public est là en nombre et participe." Puis la dimension relationnelle et le volet touristique de l'activité lui vont bien.

Quel parcours pour y arriver ?

Après sa licence STAPS management du sport, Alexis enchaîne avec un master stratégies économiques du sport et du tourisme. Pour se démarquer et avoir de l'expérience, il commence à organiser des événements sportifs lors de stages et de missions bénévoles. "Je me suis créé un réseau. Puis j’ai développé une autre culture du métier au Canada, pendant 1 an." Des atouts importants sur un CV, car l’événementiel est un milieu concurrentiel.

Un projet, comment ça marche ?

Trails, marathons… Alexis organise principalement des événements solidaires et sportifs outdoor, pour des associations et des entreprises. Une dizaine par an aux quatre coins de la France. Un exemple ? "On peut réunir 1 000 personnes pour courir 100 km en moins de 30 heures." Pendant plusieurs mois, il prépare l'événement, généralement depuis son bureau : définition du projet, démarches administratives et communication auprès des préfectures et des acteurs locaux, appel aux participants et recherche des prestataires en ressources matérielles et humaines. Puis vient la période sur le terrain, quelques jours seulement. "Sur place, j'assure le bon déroulement de la manifestation, en gardant la tête froide face aux imprévus, comme une rupture de stock de boissons ou des aléas météo. C'est très prenant !" Le projet se clôt par une phase de bilan.

« Un projet, c'est des mois de préparation et plein d'émotions ! »

Seul ou en équipe ?

Alexis organise un projet en binôme, puis il est entouré de quatre collègues pendant la manifestation. L'équipe est soutenue par des bénévoles mobilisés pour faire vivre l'événement. "À l'agence, nous sommes une dizaine de personnes au total à travailler sur les projets, en fonction des demandes des clients."

Ce que je préfère ?

"J'aime particulièrement les échanges avec le client et la phase de création. On doit cerner la cible et le lieu et élaborer tout un scénario pour faire vivre aux participants une expérience unique." Autre temps fort pour Alexis : le départ des participants et leurs sourires à l’arrivée. "J'ai alors atteint mon objectif", reconnaît le jeune homme, qui apprécie néanmoins chacune des phases d’un projet et son lot d’émotions variées. 

Ce qui m'a surpris ?

"C'est toute la diversité des missions, de la conceptualisation d’un événement à la gestion des bénévoles en passant par les démarches administratives et logistiques."  Cette polyvalence est alimentée par l’organisation d’événements digitaux, dernière tendance en date. "Je suis amené à créer des applications avec des développeurs." 

Un conseil ?

"Il faut toujours garder son ouverture d’esprit." Que ce soit pour étudier la concurrence et les tendances du marché, ou savoir se remettre en question après chaque événement. "Cela nous permet d'améliorer les prestations d’une année sur l’autre. C’est stimulant."